Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/279

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du moins au ridicule félibrige de Paris où pontifient toutes les semaines cinquante grotesques dont les plus connus sont Maurice Faure, ce sénateur ; Albert Tournier, ce député ; Batisto Bonnet, cette canaille ; Sextius Michel, ce gaga.

Mais Charles-Brun est surtout le plus adroit des conférenciers. Son esprit souriant à tout et son âme indifférente à tout lui permettent de s’assimiler rapidement n’importe quel sujet et de le traiter précisément avec les grâces de langage qu’attend son public. Il s’occupe volontiers des hommes et des choses d’oc. S’il en parle à Paris, il revêt l’air détaché et demi-railleur qui convient. En Occitanie, l’enthousiasme populaire et le son de sa propre voix suffisent à l’émouvoir jusqu’aux larmes. Et il a cette étonnante souplesse qui me paraît la marque même du conférencier : si une fée transformait l’auditoire d’un coup de baguette et, au moment Charles-Brun pleure en phrases rythmées, lui jouait le tour de métamorphoser ses bons limousins émus en parisiens gouailleurs, immédiatement Charles-Brun s’apercevrait du changement, et immédiatement Charles-Brun serait à l’unisson. L’applaudissement qui, tout