Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/316

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blesse ou de générosité fougueuse, mais la seule beauté précise et presque immobile de la ligne. Il est très exigeant pour l’extérieur, qui seul lui importe et, si l’agitation romantique et le tremblement énorme du panache le font sourire, la raison classique lui semble manquer un peu de relief.

En morale comme en critique, le classique estime ou blâme. Le romantique s’extasie ou s’indigne, « admire comme une brute » ou brandit un fouet ivre. Le parnassien, qui a peu de motifs d’agir, est surtout un puriste et un abstentionniste ; il dit des mépris en ironies savantes et aiguisées. L’expression claire suffit au classique. La phrase romantique se gonfle de passion, s’agite en violences, éclate de couleurs ; mais toujours, même lorsqu’elle hurle les pires souffrances ou rugit les plus extrêmes colères, ses harmoniques disent la joie de ne point parler bourgeoisement. Le parnassien est un pharisien ; lui aussi se satisfait à se sentir différent ; il jouit de l'impeccabilité et du relief de sa correction et son expression cherchée laisse voir ce plaisir vaniteux.

La syntaxe de Laurent Tailhade est d’un dessin net et arrêté. Sa simplicité presque