Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/333

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« l’âme religieuse. » Il vénère « la salle à manger comme un temple, la table comme un autel. » Il classe naïvement les hommes en bons et en méchants. Il aboie « pour épouvanter les méchants. » Comme la sœur de M. Bergeret, il sait « juger les personnes » et mépriser celles qui sont méprisables. Comme la servante Angélique, il a des idées respectueuses « à l’endroit de la nourriture humaine. » Comme la petite Pauline, il est capable d’admiration. Il aime « ses dieux domestiques » et la terreur parfois lui crée une divinité nouvelle. Sa petite âme, « semblable à l’âme humaine », est « facile à distraire et prompte à l’oubli des maux. » Il ne comprend pas l’ironie. Comme un bon gendarme, il garde une aptitude au prompt éveil entretenue « par le sentiment du devoir. » Riquet est du bon peuple, et M. Bergeret le lui dit nettement : « Toi aussi tu adores l’injustice par respect pour l’ordre social… Toi aussi tu es le jouet des apparences. Toi aussi tu te laisses séduire par des mensonges. Tu te nourris de fables grossières… Toi aussi tu as des haines de race, des préjugés cruels, le mépris des malheureux… Tu es pieux, tu as ta théologie et ta morale. » Et pourtant, pauvre Riquet, tu n’es