Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/341

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Il va créer surtout deux doctrines : la doctrine du surhomme et la doctrine du grand retour.

Tout être doit « se surmonter », créer un être supérieur et « l’homme est une corde tendue entre la bête et le surhomme ». Il faut que l’homme crée le surhomme. On voit sans peine qu’il n’y a là qu’une application hardie du darwinisme à l’avenir. L’homme, pour Nietzsche, est une sorte de sursinge : « Qu’est-ce que le singe pour l’homme ? Une dérision ou une honte douloureuse. Et c’est ce que doit être l’homme pour le surhomme ; une dérision ou une honte douloureuse. » Il y a aussi un résidu plotinien dans l’idée de cette tendance à créer quelque chose de mieux que nous-même. Nietzsche semble, Plotin myope, voir le premier pas de la régression en Dieu. Il ne va pas au-delà. Pourtant le surhomme ne saurait être que le but immédiat de l’homme, non le but final de l’univers. Lui aussi, il devra se surmonter ; et encore celui qu’il aura créé en se surmontant. Nulle part dans Nietzsche je ne vois pourquoi ce mouvement s’arrêterait ni où il s’arrêterait. Or Nietzsche ne peut éluder la difficulté en affirmant le progrès à l’infini. L’éternité pour