Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/348

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naissable qu’il nous faut pour ennoblir notre curiosité ». Il n’y a pas contradiction entre les deux désirs. Le soleil de la connaissance dissipe les brumes des « mystères artificiels », mais sa lumière élargit à l’infini « l’océan du mystère réel ». Tous nos efforts ne supprimeront pas un mystère ; ils pourront seulement le faire « changer de place ».

Déplacer quelques mystères qui semblaient extérieurs et transcendants pour les rendre immanents à l’homme ; transformer du mystère métaphysique en mystère psychologique ; ramener nos yeux du macrocosme vers le microcosme : c’est, à de certaines époques, l’œuvre nécessaire du philosophe. Après le grand effort ontologique des ioniens et des éléates, Socrate fait descendre, suivant un mot connu, la philosophie du ciel sur la terre. Descartes guérit la folie théologique en nous faisant constater notre existence avant celle de Dieu. Après l’idéalisme de Malebranche, de Berkeley et de Spinoza, après les discussions de Clarke et de Newton sur l’espace et le temps, Kant arrache aux ténèbres extérieures pour les rendre à notre esprit le temps et l’espace.

C’est que, après une noble mais épuisante