Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/356

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libre offense les critiques, prêtres de l’immobilité ou porteurs du manipule de foin que suivent toujours, salive à la bouche, les légions, les centuries et les décuries littéraires : « Jadis un homme se levait, bouclier de la foi, contre les nouveautés, contre les hérésies, le Jésuite ; aujourd’hui, champion de la règle, trop souvent se dresse le Professeur ». Mais « la diabolique intelligence rit des exorcismes, et l’eau bénite de l’Université n’a jamais pu la stériliser, non plus que celle de l’Église ». On empêchera de la voir aujourd’hui, demain, toujours peut-être. Qu’importe ? Elle est, et cela lui suffit. La réputation et la gloire, qu’on peut voler à l’écrivain, sont de faux biens qui ne sauraient s’additionner avec les vrais biens : la pensée et la beauté, « Il ne faut pas mêler l’idée de gloire à l’idée de beauté ». « Tout à fait dépendante des révolutions de la mode et du goût », la première est méprisable. La seconde, la seule déesse, celle que sa splendeur même cache aux faibles yeux de la foule, est « absolue ».

Je voudrais louer convenablement ce que Camille de Sainte-Croix, si bien doué pour la définition rapide, appelle le « beau jardin intellectuel » où Rémy de Gourmont « cultive ses