Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/359

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clusif de l’écriture, du petit détail souriant ou pittoresque, de la mouche au coin de l’œil, du rouge et du blanc dont on corrige les couleurs de la nature. Il n’y a pas de style artificiel ; il n’y a guère d’écriture naturelle. Le style tient le milieu entre la pensée et l’écriture.

Quand Buffon recommande d’employer toujours les termes les plus généraux, il éteint l’écriture pour laisser au style toute la valeur. Il a peut-être raison : l’écriture la plus aimable se fane vite. Exemple : Fénelon, homme de l’épithète qui fut fleurie et rare, qui est banale et pâle. Mais les snobs, êtres particulièrement « successifs », incapables de saisir le style, cette synthèse adéquate à la pensée, se prennent à la broderie capricieuse et éclatante de l’écriture.

Les grands créateurs négligent souvent l’écriture et c’est pourquoi les petits exigeants de leur temps leur reprochent de manquer de style. Si Apollon dédaigne trop la mode, il y aura des gens pour le trouver laid. C’est ainsi que pour certains, Balzac écrit mal et La Bruyère, vaniteux de la piquante précision de son écriture, reproche à Molière du « galimatias ». Le grand homme qui a un style est à l’écrivain curieux