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m’avait laissé le moins mauvais souvenir. Ça s’appelle Joujou et c’est un démarquage d’un bien médiocre roman, L’amour infirme de Hugues Le Roux. La petite René a puérilisé le récit déjà puéril. Rien de fatigant comme de l’entendre zézayer, en phrases longues et filandreuses — j’en ai compté une de soixante-quatre lignes — la fable sentimentalo-bébête.

Remontons un peu — jusqu’à Abel Hermant. Cette fille sait s’habiller à la mode. Garce des fortifs quand le naturalisme rapportait les petits cadeaux, elle fait maintenant le boulevard.

Tous les genres de vaudeville, dialogues pour les planches, pour les journaux ou pour Ollendorff, lui ont révélé leurs émouvants secrets.

Celui de ses exercices qu’Abel Hermant doit préférer c’est Les Confidences d’une aïeule. Cette aïeule vit longtemps, traverse des époques très différentes et se confie dans le style de chacune de ces époques, déclamatoire et humanitaire aujourd’hui, rieuse et nonchalante hier. Car Abel Hermant a appris au bon endroit ce métier de pasticheur que la rue d’Ulm prend pour l’art de l’écrivain. Qu’on dise tout le mal qu’on voudra