Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/71

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non seulement à son grain mais à sa taille, est transportée telle quelle au tas informe que le didactique appelle son monument. Mais il y a des degrés dans l’impuissance à construire avec des matériaux étrangers une harmonie personnelle. Zola, certes, n’était pas un architecte. C’était, du moins, un maçon aux reins solides. Il dressait, avec les pierres volées, des murs effroyables, rectilignes, sans fenêtres, je ne sais quels remparts qui écrasent encore de leur masse inutile les verdures. Et dans ces énormités il ne ménageait point le mortier. Tout cela croule déjà ; mais, les premiers jours, la masse monstrueuse étonnait, imposait l’idée d’une force. Paul Adam n’a ni équerre ni fil à plomb. Gemmes pillées et pierres de taille conquises, il jette tout ensemble, au hasard. Les idées roulent, se heurtent, s’écrasent, contradictoires. L’entassement ne semble même pas une ruine. On sent que le kleptomane aveugle n’a rien su faire des matériaux volés.

Ah ! le pauvre professeur et le pauvre écrivain. Son esprit est un chaos de souvenirs et de réminiscences, une cohue de notes rassemblées au hasard des lectures rapides. Ses pages sont des tapisseries hâtives où l’on sent, non