Page:Sébillot - Contes de la Haute-Bretagne, 1892.pdf/43

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
42
contes de la haute-bretagne

pour le tirer de là, en répétant : Corni-Cornon. Le général et les soldats se mirent à rire, et quand ils eurent disparu, Corni-Cornon appela sa petite jument et lui demanda un beau costume de guerre, un cheval marchant comme le vent, et un sabre pour tuer tous les ennemis.

Il arriva sur le champ de bataille et tua tous les ennemis, excepté le roi auquel il demanda son pavillon, et il lui dit d’écrire sur sa poitrine un certificat où l’on disait qu’il avait gagné la victoire.

En revenant, il rencontra le général et son armée, et leur dit en montrant le pavillon :

— Allez à la bataille, si vous voulez, moi j’en viens et elle est gagnée.

— Ah ! beau prince, cédez-moi le pavillon, et je vous donnerai autant d’argent que vous voudrez.

— Si vous voulez l’avoir, il faut que vous me laissiez marquer sur vos fesses les clous de mes souliers.

— Je veux bien, dit le général.

Il eut le pavillon, et vint tout content le montrer au roi. Corni-Cornon revint trois jours après les autres et le roi se moquait de lui.

Quand arriva le jour de la seconde bataille, Corni-Cornon alla encore mettre son cheval dans un bourbier sur la route où l’armée devait passer, et il criait Corni-Cornon, d’une voix lamentable qui faisait rire les soldats. Quand ils eurent disparu, il appela sa jument blanche et lui demanda un cheval qui marche comme le vent, un beau costume de guerre, et une épée pour tuer tous les ennemis. Il les détruisit en un instant, le roi demanda quartier, lui donna son pavillon, et écrivit sur sa poitrine qu’il avait gagné la bataille.

En revenant, il rencontra le général, et pour lui céder le pavillon de l’ennemi, il lui demanda son petit doigt de pied.

— Ah ! dit le général, ce sera gênant.

— Bah ! répondit Corni-Cornon, vous direz que vous l’avez perdu à la guerre.

Le général finit par consentir à se couper le doigt de pied, et il le remit à Corni-Cornon qui le ramassa dans son mouchoir.

Le jour de la troisième bataille, tout se passa comme les deux autres fois, et quand il revint victorieux avec le pavillon ennemi, le général lui demanda de le lui céder.