Page:Sébillot - Contes de terre et de mer.djvu/121

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— N’êtes-vous pas le gendre du roi ? dit-elle.

— Hélas ! oui.

— On vous a bien arrangé ; mais heureusement j’ai encore la clé de mon cabinet.

Elle alla y prendre sa baguette, et dit :

— J’ai appris votre mésaventure par ma voisine qui est venue ce matin chercher du feu, et je me suis promis, si je vous voyais, de vous ôter la moitié de vos maux.

Elle le toucha de sa baguette ; aussitôt il vit des deux yeux, sa bouche diminua de moitié ainsi que son nez, il n’eut plus qu’une bosse, sa tête ne fut plus tournée sens devant derrière, mais seulement en côté, et il cessa de boiter.

La fée lui remit ensuite une lettre pour sa voisine, où elle la priait de le rendre encore plus bel homme qu’auparavant. Il remercia de son mieux la vieille fée, et partit bien plus content que lorsqu’il était arrivé.

Quand il fut à la maison de la voisine, il lui remit la lettre en disant :

— Bonjour, madame Margot.

— Ah ! répondit-elle, c’est vous qui êtes le gendre du roi ; je vais achever ce que ma commère a commencé.

Elle prit sa baguette, et souhaita que le jeune garçon eût le corps droit et la figure bien faite, ce qui s’accomplit à l’instant, puis elle lui dit :

— Prenez bon courage ; vous désirez sans doute retourner chez votre femme : voici une boule que je vous donne, elle marchera devant vous, et vous montrera la route qu’il faut suivre. Voici une épée qui tuera tous ceux qui voudraient vous arrêter, et une autre qui vous préservera des animaux féroces.