Page:Sébillot - Contes de terre et de mer.djvu/131

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Cependant Jean des Merveilles entendit parler de la fille du roi qui avait été enlevée et transportée dans une île de la mer ; le roi promettait de la donner en mariage à celui qui réussirait à la délivrer ; beaucoup de navires étaient partis pour tenter l’aventure, mais aucun n’était revenu.

Jean dit à sa grand’mère :

— Je voudrais bien aller délivrer la fille du roi ; je pense que je pourrai le faire à l’aide de ma coque de noix, et cela nous vaudrait mieux que ce coffre plein d’or où nous ne pouvons prendre qu’une pièce à la fois.

La grand’mère y consentit, et Jean dit :

— Coffre d’or, redeviens coque de noix.

Cela s’accomplit à la minute ; Jean ramassa la coque dans sa poche, et quand il arriva sur le bord de la mer, il la mit à l’eau et dit :

— Coque de noix, deviens un beau navire bien maté, bien gréé, avec deux batteries, et des canonniers et des gabiers qui m’obéissent à la parole.

Aussitôt il vit un beau navire avec deux rangées de canons, qui masquait ses voiles comme pour attendre quelqu’un, et près du rivage, il y avait une baleinière toute dorée. Jean s’y embarqua, et aussitôt les hommes qui la montaient se mirent à nager aussi bien que les meilleurs canotiers de la flotte. Quand il arriva à bord du navire, l’équipage était rangé sur la lisse pour le recevoir : aucun des hommes ne parlait ; mais ils lui obéissaient à la minute.

Il leur ordonna de conduire le vaisseau où la princesse était pri-