fut de retour à la maison, il ne fit que parler d’elle, et il promit à Césarine de l’emmener pour la voir.
— Ah ! s’écria-t-il, c’est moi qui ai vu une jolie petite chèvre blanche ! jamais je n’ai vu une chèvre avoir de si beaux yeux ; elle les a comme ceux d’une personne, comme ceux de ma petite Euphrosine, et même elle a comme elle une marque à l’oreille. Si je pouvais l’amener ici, je serais bien content. Mais nous irons demain aux ruines ; peut-être qu’elle y sera encore.
Césarine, qui savait que sa sœur avait été emmorphosée, aurait bien voulu ne pas aller aux ruines ; mais le capitaine insista pour l’y emmener, et elle y fut avec lui. Aussitôt que la petite chèvre la vit, elle accourut en frétillant de la queue ; elle disait : « Bée, » d’une voix douce, en se frottant contre Césarine, car elle l’aimait bien. Césarine, qui n’était point méchante, ne pouvait s’empêcher de pleurer ; car elle savait que c’était sa sœur.
— Qu’est-ce que tu as donc à pleurer, Césarine ? lui demandait le capitaine.
— Ah ! répondait-elle, je voudrais l’emmener à la maison, et j’en aurais bien soin.
Mais la chèvre ne pouvait quitter les ruines du château.
— Vous ne l’avez pas amenée avec vous ? dit la méchante femme quand ils rentrèrent.
— Non, répondit le capitaine ; si tu savais comme elle est jolie ; il faudra que demain tu viennes la voir.
Quand son beau-père fut sorti, Césarine s’écria :
— Ah ! je ne retournerai jamais au château ; si tu savais, ma mère, comme elle est mignonne ! comme elle me caressait et comme elle venait me lécher les doigts !
— Si ton père venait à découvrir qui elle est, disait la méchante