Page:Sébillot - Contes de terre et de mer.djvu/171

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tain une musique délicieuse, et ils se hâtèrent d’aller au bord de la mer où ils virent la Sirène qui se jouait en chantant sur les vagues et sautait parfois à plus de trois pieds au-dessus de l’eau.

— Ce n’est pas un poisson ordinaire, dit le sabotier, cela ressemble à une personne.

— Ah ! répondit la femme, il faut apprêter des lignes, peut-être pourras-tu le prendre ; je voudrais bien le voir de près.

Ils se mirent tous à arranger des lignes, et quand la mer était haute, ils les tendaient ; mais ils avaient beau garnir les hameçons des meilleurs appâts, le poisson-chanteur ne venait point se prendre, et pourtant on le voyait tous les jours.

Le sabotier pensait souvent au poisson merveilleux, et il réfléchissait aux moyens de s’en emparer. Un jour qu’il se promenait sur le rivage, il vit la Sirène qui s’était endormie, et, bercée par la vague, flottait à peu de distance du bord. Il se mit à l’eau sans faire de bruit, et passa tout doucement sous elle un grand panier qu’il avait, et dans lequel il l’emporta à terre sans l’éveiller.

Elle était de la taille d’un enfant de huit ans ; sur sa tête flottaient des cheveux couleur d’or, et son corps blanc et poli ressemblait à celui d’une femme, mais au lieu de pieds elle avait des nageoires et se terminait en queue de poisson.

— Ah ! dit le sabotier en la regardant ; mon petit gars n’avait pas menti, c’est bien la plus curieuse chose que l’on puisse voir. C’est sans doute une Sirène, car elle est moitié femme et moitié poisson.

Il faisait ces réflexions en prenant le chemin de sa cabane, et il n’en était pas fort éloigné, quand la Sirène s’éveilla et lui dit :

— Ah ! sabotier, tu m’as surprise pendant que je dormais ; je