Page:Sébillot - Contes de terre et de mer.djvu/193

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Ce fut Pierre-Joseph, celui qui soutenait les montagnes, qui resta à faire la cuisine. Comme il était en train de préparer les écuelles et de tailler le biscuit pour la soupe, la porte s’ouvrit, et il vit entrer un petit bonhomme qui n’avait pas plus de trois pouces de haut. Il claquait des dents, et disait d’une voix grêle :

— Hou hou hou ! que j’ai froid !

— Passe dans le foyer, petit homme, et chauffe-toi, répondit Pierre-Joseph.

Pendant que le marin était occupé à tailler le biscuit avant de tremper la soupe, le nain souleva le couvercle de la marmite et se mit à jeter des poignées de cendres dans le pot-au-feu :

— Que fais-tu là, vilain petit ver de terre, toi qui ne pèserais pas plus entre mes mains qu’un grain de poussière ! cria Pierre-Joseph. Attends, je vais te corriger.

Mais ce fut le nain qui le frappa, et après l’avoir battu comme plâtre, il le fourra sous l’escalier de la cabane, et s’en alla.

Pendant ce temps les deux chasseurs faisaient lever beaucoup de gibier, et à chaque coup de fusil le capitaine abattait une pièce, tandis que son compagnon ne tuait rien. À midi ils n’entendirent pas sonner la cloche, mais pensant qu’il était arrivé quelque chose en leur absence, ils retournèrent à la maison. Ils trouvèrent Pierre-Joseph étendu sous l’escalier et tout pâle, et comme après l’avoir relevé ils lui demandaient comment il était tombé, il répondit qu’en allant chercher du sel, il avait été pris par une crampe. On trempa la soupe, et en la mangeant le capitaine et son compagnon faisaient la grimace, et traitaient Pierre-Joseph de mauvais cuisinier, parce que le bouillon était plein de cendres :

— Je ne sais, répondait-il, comment cela s’est fait.

Le lendemain ce fut au tour de Pierre-Marie, l’homme qui ar-