Page:Sébillot - Contes de terre et de mer.djvu/30

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escarpée que la première ; le diable fut obligé d’en faire le tour, et pendant ce temps la jument blanche allait comme le vent.

— Veille bien, dit-elle à son cavalier : nous allons arriver à un pont, et quand nous aurons passé le milieu, le diable n’aura plus de pouvoir sur nous.

Ils s’engagèrent sur le pont, et le diable saisit la jument par la queue au moment où ses quatre pieds avaient passé le milieu du pont ; mais le prince coupa avec son couteau les crins qui restèrent dans la main du diable.

Il criait au jeune homme :

— Rends-moi mon cheval ! rends-moi mon cheval !

— Non, jamais, répondait-il.

Le diable resta longtemps sur le pont à crier, mais il finit par se lasser et s’en alla.

— Qu’allons-nous devenir maintenant ? demanda le prince à la jument ; je voudrais bien retourner dans mon pays.

— Non, répondit la jument blanche, il faut faire route pour Paris.

Elle se mit à marcher, et le jeune prince trouva un ruban en diamant qui éclairait la nuit comme le jour.

Dans ce temps-là, Paris n’était pas aussi grand qu’il est maintenant ; quand ils arrivèrent auprès, il mena la jument blanche dans une pâture ; elle était alors grasse et fraîche à faire plaisir.

— Tu vois cette grande maison, lui dit-elle, c’est là que demeure le roi ; il a besoin d’un pâtour pour ses brebis, il te prendra à son service, et tous les jours tu amèneras ton troupeau ici.