Page:Sébillot - Contes de terre et de mer.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Je suis venu pour visiter votre château. Voulez-vous me le permettre ?

— Oui, répondit-elle.

Quand il eut parcouru tout le château, elle le fit boire et manger et lui dit :

— Hé bien ! en avez-vous vu d’aussi beau dans votre pays ?

— Non, répondit-il, mais si vous voulez venir à bord de mon navire, vous conviendrez qu’il n’a pas son pareil.

— J’irai, dit la princesse, le visiter dans deux heures.

Il retourna à son bord et commanda à ses matelots de tout préparer pour l’appareillage et de lever l’ancre, pendant que la princesse serait occupée à regarder le navire.

La Belle aux clés d’or arriva sur le vaisseau ; le jeune homme le lui fit visiter en détail, et lorsqu’elle remonta sur le pont, la terre était déjà bien loin. Quand la princesse vit qu’on l’emmenait, elle se mit à crier et à s’arracher les cheveux.

— Ah ! malheureux, lui dit-elle, pourquoi m’as-tu trompée ?

— Je suis venu, répondit-il, vous chercher par l’ordre du roi, et si je n’avais pas réussi, il m’aurait tué.

La princesse, de colère, jeta ses clés d’or à la mer, et le vaisseau continuant sa route arriva au port et salua la ville, qui répondit par une salve de vingt et un coups de canon.

Quand le roi vit la Belle aux clés d’or, il fut bien joyeux, et il voulut se marier avec elle, mais elle ne pouvait pas le souffrir et le rebutait toujours.

— Je ne vous épouserai, lui dit-elle, que si vous me remettez les clés d’or de mon château.

Le roi fit venir son pâtour et lui dit :

— Tu as amené ici la princesse ; maintenant il faut que tu