Page:Sébillot - Contes de terre et de mer.djvu/47

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Il dormit paisiblement, et le jour arrivé, il souleva la pierre qui recouvrait le trésor volé et alla le porter au prêtre auquel il raconta de point en point son aventure.

Celui-ci fut grandement réjoui de retrouver le trésor qu’il croyait perdu ; et il promit de dire des messes pour le repos de l’âme des pendus ; il remercia Jean sans Peur et voulut le récompenser. Jean refusa l’argent que le recteur lui proposait, mais le pria de lui faire cadeau de son étole : avec elle, pensait-il, et avec mon bâton à marotte, je pourrai courir le monde sans craindre ni les diables ni les gens.

— Je ne puis vous donner mon étole, dit le prêtre ; c’est un objet sacré avec lequel il ne faut pas jouer.

— Aussi n’est-ce point pour me moquer de cette chose sainte que je vous la demande, c’est pour repousser les embûches du démon, et détruire les enchantements.

Ces paroles décidèrent le prêtre à confier son étole à Jean sans Peur qui la serra précieusement et se remit en route.

Jean marcha encore toute la journée et, vers le soir, il aperçut au bout d’une grande avenue un château qui paraissait des plus beaux ; en se dirigeant de ce côté, il arriva à une maison plus petite et qui n’était pas fort éloignée de l’habitation principale. Il demanda à des gens qui étaient à la porte si les habitants du château consentiraient à le loger.

— C’est, lui répondit-on, une maison fort belle ; mais personne ne peut y rester la nuit à cause des lutins : tous ceux qui ont essayé d’y coucher ont disparu ou ont été trouvés morts le lendemain.