Page:Sébillot - Contes des landes et des grèves.djvu/179

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qu’il mit sur sa voiture, déshabilla les soldats et les revêtit de frocs de moines, puis il s’en alla, emportant leurs uniformes.

Quand le roi vit que le cadavre avait été enlevé et que ses soldats avaient été déguisés en moines, il fut si contrarié qu’il tomba malade. Il envoya chercher sa sorcière qui lui dit que pour être guéri, il fallait manger de la cervelle d’un homme tué vivant. Toutes les « sœurs » de Paris furent mises en campagne pour en trouver. Il y en avait deux qui sortaient de la maison du filou d’Espagne au moment où il y rentrait. La sœur du mort leur avait donné la cervelle de son frère.

— Vous n’en avez pas assez, leur dit-il ; venez avec moi, je vous en donnerai davantage.

Elles le suivirent dans la cave ; dès qu’elles y furent, il les tua, s’empara de leurs cervelles, et alla les porter au roi.

Celui-ci les mangea et fut guéri ; il combla de richesses et d’honneurs le filou de Madrid.


(Conté en 1895 par J.-M. Comault, du Gouray,
qui tient ce conte d’Yves Auffray, de Saint-Donan.)