Page:Sébillot - Contes des landes et des grèves.djvu/190

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

rat était démorphosé depuis trois mois ; c’était un très-joli garçon et un bon marin.

Le capitaine lui proposa une de ses filles.

— Je veux bien, dit Pierre, si elle me plaît.

— Voici mes deux filles, dit le capitaine ; choisis.

— Comme elles sont également jolies, je prends l’aînée.

— Papa, dit la fille, je veux bien épouser Pierre ; mais si les sorciers allaient l’emmorphoser de nouveau ? Ce ne serait guère agréable d’avoir un rat pour mari.

— Ils n’en ont pas le droit, ma fille, répondit le capitaine.

Il y eut une belle paire de noces, et l’on s’amusa tellement qu’à la fin du repas tout le monde était saoul.

Pierre se fit recevoir capitaine au long-cours ; il gagna beaucoup d’argent, et vécut heureux avec sa femme jusqu’à la fin de ses jours.


(Conté en 1882 par le matelot Plessix, de Saint-Cast, âgé de 43 ans.)