Page:Sébillot - Contes des landes et des grèves.djvu/192

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reine et lui demanda pourquoi elle avait la mine triste.

— Ah ! répondit-elle, j’en ai bien sujet ; je n’ai pas d’enfant et le roi veut me chasser pour prendre une autre femme.

— Je vais vous consoler, dit le monsieur : tenez, voici une pomme ; vous la couperez en quatre ; vous en donnerez le quart à votre mari, et vous mangerez les autres morceaux, et avant un an vous aurez une petite fille.

La reine remercia le monsieur, qui disparut on ne sait comment, et elle alla raconter au roi la rencontre qu’elle avait faite : elle lui donna le quart de la pomme et mangea les autres morceaux. Avant l’année révolue, elle mit au monde une petite fille qui était laide comme les sept péchés capitaux, et noire comme le diable. La reine eut peur de cette vilaine petite créature, et au lieu de la faire élever sous ses yeux, elle lui donna une nourrice, qu’elle mit à demeurer dans un appartement éloigné, et jamais elle n’allait la voir.

Un jour, la petite fille, qui avait commencé