Page:Sébillot - Contes des landes et des grèves.djvu/205

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L’autre accepta ; on tira à la courte-paille, et celui que le sort désigna eut les yeux crevés. Ils allaient mendier par les villages ; tout le monde leur donnait du pain, et même de l’argent, si bien qu’au bout de quelque temps ils avaient ramassé une bonne boursée.

Alors celui qui avait ses deux yeux se lassa de conduire son camarade, et il l’abandonna au milieu d’une forêt, sans un morceau de pain et sans un sou. L’aveugle fut bien désolé d’être seul, et, quand il sentit que la nuit allait venir, il grimpa sur un arbre et s’installa du mieux qu’il put, parmi les branches.

Il n’y avait pas longtemps qu’il y était, lorsqu’un loup, un lion et un ours s’arrêtèrent juste au pied et se mirent à causer. C’étaient des sorciers déguisés, qui parlaient le langage des hommes et non celui des bêtes, de sorte que le soldat comprenait ce qu’ils disaient.

Le loup dit au lion :

— Qu’est-ce qu’il y a de nouveau dans ton pays compère le lion ?

— Ah ! répondit-il, dans mon pays presque