Page:Sébillot - Contes des landes et des grèves.djvu/266

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pauvres que personne dans le pays n’a consenti à le nommer ; c’est pourquoi je cherche des âmes charitables pour l’assister à son baptême.

— Voulez-vous, demanda le bon Dieu, que je sois le parrain de votre enfant ?

— Oui, répondit l’homme ; mais auparavant je voudrais savoir comment vous vous appelez, car je veux pour mon petit gars un parrain juste.

— Je me nomme le Bon Dieu.

— Oh ! puisque c’est vous qu’on appelle le Bon Dieu, vous ne serez pas le parrain de mon enfant ; car vous n’êtes pas juste : vous faites mourir de bons travailleurs qui gagnent du pain à leur famille, vous faites mourir des mères dont les enfants marchent à peine tout seuls, et vous laissez vivre des gens qui n’ont jamais fait que de la honte et du chagrin à leurs parents. Vous tuez des jeunes hommes dans la force de l’âge, et vous oubliez des vieux qui ne sont plus bons à rien. Vous n’êtes pas juste.