Page:Sébillot - Contes des landes et des grèves.djvu/307

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— Té et mé (toi et moi) ne font qu’un, disaient-ils, li et l’aôt’e (lui et l’autre), ça fait deux ; et ainsi de suite, si bien qu’après s’être comptés de la sorte, il ne se trouvèrent que onze. Ils pensèrent toutefois que l’un d’eux s’était peut-être arrêté, et qu’il les rejoindrait de l’autre côté de l’eau. Ils traversèrent donc le champ de lin, et arrivés de l’autre côté, ils se comptèrent de nouveau :

— Té et mé ne font qu’un ; li et l’aôt’e, ça fait deux. Mais ils se retrouvaient toujours onze. À la fin l’un des Normands dit :

— Frères, il me vient une idée : nous allons prendre douze mottes de terre, et chacun fourrera son nez sur la sienne ; s’il y a un nez sur chacune d’elles, c’est que nous serons tous au complet.

Ce qui fut dit fut fait, et quand ils se furent alignés chacun à côté de sa motte, ils se retrouvèrent douze.


(Conté en 1879 par Pierre Huchet, d’Ercé-près-Liffré.)