Page:Sébillot - Contes des landes et des grèves.djvu/319

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Polon sortit de chez lui pour aller faire la cour aux filles ; en passant près du pignon d’une maison, il vit son ombre sur le mur ; il crut que c’était un homme vivant qui suivait la même route que lui, et il lui dit en bégayant :

— Al’, allez-vous du cô, côté du, du bourg de, de Saint, Saint-Cast, l’homme ?

Ne recevant aucune réponse, Polon se mit à courir sur la route, mais l’ombre courait aussi fort que lui.

— Pour l’amour de Dieu, dit Polon qui commençait à avoir peur, parlez-moi !

Et Polon s’arrêta ; l’ombre s’arrêta aussi, et Polon effrayé se hâta de rentrer chez lui.

Le lendemain, il raconta à tous ses voisins ce qu’il avait vu, et il leur disait :

— Je crois bien que c’était le diable qui venait pour me chercher, car j’avais beaucoup juré après lui. Mais ce qui me faisait le plus de peur, c’est que quand je marchais, il marchait, quand je m’arrêtais, il s’arrêtait ; quand je lui parlais, il ne me répondait point ; je crois vraiment que c’était le diable.