Page:Séché - Joachim Du Bellay, 1880.djvu/26

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vous met la tête si près du bonnet, mais on ne chante pas les mêmes chansons.

Les deux pays ne se distinguent guère, d’ailleurs, que par la coiffure des femmes. Les filles d’Ancenis portent le serre-tête et celles de Liré le bergot. Le bergot est long et quelque peu pointu, à la façon des coiffes normandes. Le serre-tête est un petit bonnet de deux sous qui, posé sur la nuque, donne à la figure encadrée de bandeaux un petit air coquet que le bergot n’a pas ; mais les filles d’Ancenis deviennent chaque jour plus infidèles à leur coiffure si gentille. Elles ont commencé par l’enguirlander de marguerites et de rubans tressés, et puis, trouvant sans doute que les fleurs ne leur allaient pas mal, elles ont planté là peu à peu leurs mignons serre-tête, les unes pour adopter cet affreux bonnet de linge qui papillotte sur toutes les têtes des bonnes de Paris, les autres pour coiffer cet horrible chapeau bourgeois qui varie entre la capote et le parapluie chinois, et a cet avantage d’être toujours à la mode de l’année dernière. Seules, les femmes du peuple, les mères de famille ont gardé la dormeuse héréditaire. C’est tout ce qui restera demain de la coiffure du temps passé.

Comme caractère, il y a peu de ressemblance entre les deux rives. Les allures sont paisibles et nonchalantes sur la rive droite, mais, comme on dit, il ne faut pas se fier à l’eau qui dort. Les Bretons d’Ancenis ont plutôt « l’air marin que la doulceur angevine, » et, sous leur enveloppe lourde, ils cachent une grande agilité. L’œil rumine le plus souvent, mais un rien l’allume ; ils sont sensibles jusqu’à l’excès, et, quand on les