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Page:Séché - Joachim Du Bellay, 1880.djvu/42

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ainsi dire inconnu et bien que Joachim du Bellay réserve à Mellin de Saint-Gelais l’honneur de l’avoir apporté d’Italie, il est incontestablement, dit Sainte-Beuve[1], le premier qui fit fleurir le genre et qui greffa la bouture florentine sur le chêne gaulois[2]. Vauquelin de la Fresnaie a dit quelque part :

Ce fut toi, Du Bellay, qui des premiers en France
D’Italie attiras les sonnets amoureux :
Depuis y séjournant, d’un goût plus savoureux
Le premier tu les as mis hors de leur enfance.

Ces quatre vers sont la critique involontaire mais fort juste de l’Olive. Les sonnets qui composent ce petit recueil sont encore emmaillottés ; ils n’ont pas d’ailes et se traînent péniblement. Joachim du Bellay n’était pas encore le maître sonnettiste que ses Regrets devaient nous révéler. Il manquait une corde à sa lyre et la corde essentielle, celle qui fait vibrer les fibres intimes de l’être, la corde du pathétique et du sentiment. L’Italie devait la lui donner. Ce n’est pas cependant que l’Olive ne contienne de beaux vers ; il y en a qui sont joliment tournés et qui valent la peine qu’on les cite, ceux-ci par exemple :

Si notre vie est moins qu’une journée
En l’éternel, si l’an qui fait le tour
Chasse nos jours sans espoir de retour,
Si périssable est toute chose née…

  1. Tableau de la littérature française au XVIe siècle, t. II, p. 134, édition Lemerre.
  2. Je n’aime pas beaucoup cette bouture greffée sur le chêne, mais il ne faut pas trop presser les comparaisons.