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LE CÉNACLE DE JOSEPH DELORME

Ce jugement sommaire ne me satisfait pas du tout, et je ne comprends pas que Sainte-Beuve, ainsi mis en cause, n’en ait pas appelé, sinon sur le moment, au moins quelques années après, quand il publia les œuvres critiques de Ch. Labitte ; — ou plutôt si, je le comprends bien, Sainte-Beuve n’avait pas attendu la chute des Burgraves pour changer son fusil d’épaule. Depuis son retour de Lausanne, il s’était rapproché du parti classique, moins par goût que par intérêt, pour préparer son élection à l’Académie, et c’est évidemment sa pensée d’alors à l’égard des Romantiques de la généralion dernière, que Labitte exprimait dans le paragraphe qu’on vient de lire.

Mais plus tard, quand ses petites rancunes et sa j uste ambition eurent été satisfaites, il n’est pas possible que Sainte-Beuve n’ait pas senti ce qu’il y avait d’excessif et de faux dans le jugement de son ami.

Il est faux, en effet, que la Pléiade ait péri par l’idolâtrie de la tradition. En émettant cet aphorisme, Ch. Labitte ne fit qu’interpréter ces vers connus de l’Art poétique :

Ronsard qui le suivit (1), par une autre méthode.
Réglant tout, brouilla tout, fit un art à sa mode,

(i) Clément Marot.