des droits civils et politiques ? pour s’affranchir de la tutelle de l’homme ; pourquoi s’affranchir de l’homme ? pour être son égale ; pourquoi être son égale ? pour être libre, et pourquoi être libre : Pour aimer !
Voilà l’utopie poursuivie, voilà après quoi les assoiffées d’amour, les meurtries du mariage entraînent les malheureuses qui leur ont donné leur confiance.
Toutes pensent avoir en elles l’étoffe d’une grande amoureuse : Juliettes en puissance, toutes espèrent après Roméo. Qu’elles soient belles ou laides, qu’importe ! elles proclament leur droit d’aimer, voire leur droit d’être aimées. Que dis-je, un droit, c’est une Obligation qu’elles imposent à l’homme. — Tu m’aimeras ou tu seras maudit.
Ah ! nous ne sommes plus à la douce et résignée philosophie de Marceline qui murmurait :
Tout change, il a changé. C’est là sa seule injure.
Mais, enfin, ce romantisme passionnel, ce besoin de tendresse et d’amour, cette exaltation sentimentale fait à la femme une âme et une mentalité à part. Qu’elle réussisse à s’exprimer tout entière, — elle fera œuvre originale, et œuvre féminine. C’est l’important. Car, si elle n’apporte rien, si ses livres doivent ressembler à ceux de l’homme, il devient inutile qu’elle s’occupe d’écrire. Aussi un certain féminisme qui, — au lieu de tendre au développement des qualités et des moyens propres à la femme — s’efforce d’égaliser les deux sexes, est-il parfaitement absurde et malfaisant. C’est en cultivant sa nature et ses dons personnels que la femme, s’éloignant le plus qu’elle pourra de l’homme, arrivera vraiment à l’égaler en art.
M. Gustave Kahn a raison lorsqu’il dit, à propos des livres des authoresses modernes : « il serait bon que la littérature féminine nous donnât quelque chose d’un peu exceptionnel qui ne pût être attribué indifféremment, soit à un homme travaillant dans les nuances un peu grises, ou à une femme faisant sa grosse voix… »
Aussi bien, cette absence de forte personnalité n’est-elle point la marque évidente d’un manque de sincérité ? On