Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/15

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ne fut plus que la nôtre favorable aux femmes écrivains — il faut dire aussi qu’à aucune époque, celles-ci ne donnèrent de plus évidentes preuves de leur talent. À ce point de vue, l’anthologie des Muses Françaises apporte une éclatante affirmation du génie féminin. Jamais plus beau monument n’a été élevé à la gloire de la femme. — Je suis heureux d’en avoir été le modeste ouvrier.

Dois-je dire que j’ai composé cette anthologie dans un absolu esprit d’indépendance, — sans sévérité comme sans faiblesse, n’ayant qu’un désir, être exact et juste.

Envers les morts, se montrer indépendant est aisé, il n’en est pas toujours de même lorsqu’il s’agit des vivants. Aussi, le plus souvent, les travaux sur les contemporains n’ont-ils qu’une valeur documentaire. On ne saurait se fier à eux. — N’attaquant personne, m’étant efforcé à une pondération continuelle, il ne m’a pas été difficile d’être juste.

Dois-je dire aussi combien cette anthologie — le premier volume du moins, — m’a coûté de peine. — On l’imaginerait mal. Si je m’étais borné à faire ce qui est courant en ce genre de travaux, si j’avais purement et simplement démarqué les notices des précédentes anthologies, et reproduit les mêmes pièces — cela eût été commode, en effet. Mais j’ai cru plus honnête — et aussi plus intéressant — de donner autant que possible, des pièces nouvelles et de rédiger des notices qui ne soient pas réduites à une littérature schématique.

Enfin, s’il y a beaucoup d’anthologies, les femmes — comme je l’ai dit déjà — y tiennent une place infime. N’y sont cités que les quelques grands noms connus de tous. — Je travaillais, en réalité, sur un terrain neuf. — il y avait bien quelques travaux sur les écrivains féminins, mais travaux pour la plupart de complaisance, d’amitié, — travaux aux éloges payés, — travaux préoccupés de