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Mme Dufrénoy mourut à Paris le 7 mars 1825.

BIBLIOGRAPHIE DES ŒUVRES POETIQUES : Elégies, Paris, 1807. — 1813, 1821, in-12. — Œuvres poétiques. (Elégies et Poésies diverses) Paris, 1827, in-8.

CONSULTER : A. Jay, Notice en tête de l’édition des Œuvres poétiques, 1827. — QUÉRARD, La France littéraire. — SAINTE-BEUVE, Portraits de femmes, Nouveaux lundis, T. IX, Portraits littéraires, T. II.

LA CONSTANCE

Ne crains pas, ô mon bien-aimé !
Ne crains pas que jamais je brise notre chaîne.
De ton amour heureuse et vaine,
Je bénis chaque instant le nœud que j’ai formé.
Oui, l’on verra plutôt disparaître les ondes
De ce vaste Océan, ceinture des deux mondes,
Les étoiles tomber des cieux,
Et le Soleil privé de ses clartés fécondes,
Que de me voir trahir mes serments et mes feux.
Eh ! qui pourrait, dis-moi, te ravir ma tendresse ?
Quel autre amant pourrais-je aimer ?
Je ne trouve qu’en toi tout ce qui peut charmer,
Esprit, talent, fleur de jeunesse.
Elève chéri des neuf sœurs.
C’est pour toi que ces immortelles
Gardent leurs plus nobles faveurs
Et leurs couronnes les plus belles.
Ah ! quand assis à mon côté,
L’œil tout brillant des feux d’un sublime délire
Par la gloire et l’amour en secret excité,
Tu fais entendre sur ta lyre
Ces chants que la postérité
Se plaira toujours à redire.
Mon cœur, qui t’adore et t’admire.
Dans sa double félicité
Tour à tour palpite, soupire
Et d’orgueil et de volupté :
Si ma main alors de la tienne
A senti le trouble flatteur.
Si tu lèves sur moi ton regard enchanteur,
Si ta bouche effleure la mienne,
Je me sens expirer d’amour et de bonheur.
Laisse, laisse l’homme ordinaire
Troubler par les soupçons ses plaisirs les plus doux ;
Sans doute il peut cesser de plaire,