Anne-Germaine Necker naquit à Paris en 1766.
Fille du ministre de Louis XVI, elle grandit dans un milieu éminemment fait pour aider au développement de ses qualités intellectuelles. Nous voulons parler du salon où présidait Mme Necker et qui réunissait les plus notoires personnalités du moment : Bufïon, Grimm, piderot, Marmontel, d’Alembert, etc.
Véritable enfant prodige, elle écrivait des Eloges, en l’honneur de grands hommes, à onze ans, et, à quinze, elle commentait l’Esprit des Lois. En 1786, elle épousa le baron de Staël-Holstein, attaché à l’ambassade de Suède à Paris.
Ses débuts littéraires — ses débuts en quelque sorte officiels, — datent de 1788, époque à laquelle elle publie d’enthousiastes Lettres sur le caractère et les écrits de J.-J. Rousseau.
Quand la Révolution éclate, Mme de Staël s’emploie de toutes ses forces à sauver ses amis ainsi que le roi et la reine. — Après le 9-Thermidor, son Balon de la rue du Bac devint pour ainsi dire, le centre du parti constitutionnel et libéral dont Benjamin Constant était l’oracle.
Le coup de force du 18 Brumaire ruina son crédit et ses espérances. N’avait-elle pas rêvé d’être l’Egéric du nouveau pouvoir ? Et voilà qu’elle allait se heurter à lui et engager une lutte ouverte contre Bonaparte.
Dès lors sa vie ne sera plus qu’une perpétuelle tribulation. — Réfugiée à Coppet, en Suisse, auprès de son père, à Genève, à Weimar, — où elle approche Goethe, Wieland et Schiller — à Berlin, en Italie, puis internée et tolérée ; « douze lieues de Paris », exilée de rechef et retirée à Vienne, puis réinstallée près de Blois, — chassée encore une fois… poursuivie de ville en ville par la police impériale jusqu’en Pologne et en Russie, — elle n’a pas un instant de tranquillité.
Entre temps, elle perd son père, puis son mari et, en 1812, à 46 ans, elle épouse M. de Rocca, un jeune officier de 23 ans, auquel ses malheurs et son génie avalent Inspiré une passion aussi peu sensée que romanesque.
Ce fut aussi pendant ces Dix ans d’exil qu’elle fit paraître ses travaux les plus remarquables : Le Livre de la Littérature considérée dans ses rapports avec les Institutions sociales, Delphine, Corinne et, en 1810, De l’Allemagne.
Aux Cent-Jours Mme de Staël rentra en France, mais elle était très fatiguée. Après un court séjour en Italie, elle revint mourir à Paris, en 1817. Elle avait 51 ans.
De tous les écrits de Mme de Staël, les seuls qui nous intéressent ici sont ceux en vers. Ils ne sont d’ailleurs point en très grand nombre et il nous sera facile d’en dresser la liste. C’est d’abord deux tragédies, la première Sophie ou les Sentiments Secrets a trois actes, la seconde Jane Gray en a cinq. — Cette dernière fut composée on 1787.
« Le caractère de Jane Gray — dit Mme de Staël — m’a transportée en le lisant dans l’histoire. J’avais à peu près son âge quand j’ai entrepris de le peindre, et sa jeunesse encourageait la mienne ».