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GEORGE SAND


Armandine-Aure Dupin, baronne Dudevant. Née à Paris, le 2 juillet 1804, elle descendait par sa famille paternelle de Maurice de Saxe, fils naturel d’Auguste II, roi de Pologne. En 1822, elle avait épousé un officier retraité, le baron Dudevant, dont elle eut un fils et une fille. Elle se sépara de son mari en 1832.

La vie et les aventures de George Sand sont trop connues pour que nous y insistions. Au reste, si nous la faisons entrer dans notre anthologie, c’est en tenant compte de son grand nom. Poète, elle l’a été si peu ! Une pièce de vers d’elle est plus une curiosité qu’une œuvre d’art.

La Ballade que nous reproduisons est imitée de Shakespeare ; c’est une des rares poésies qui soient vraiment de George Sand. Cette pièce parut dans les Soirées littéraires, en 1832. À cette époque, Mme Sand n’avait encore publié qu’un roman Rose et Blanche, en collaboration avec Jules Sandeau. Pour vivre, elle peignait des fleurs et des oiseaux ; elle faisait des vers pour se distraire. Le succès d’Indiana devait bientôt lui faire abandonner le pinceau et la lyre. Elle ne composera plus que quelques complaintes, plus tard, sur les événements de sa vie champêtre, dans le Berry.

On trouve, il est vrai, des stances fort belles dans Lélia, mais on sait aujourd’hui qu’elles sont de Musset. On s’en était d’ailleurs toujours douté.

George Sand est morte le 8 juin 1876.

LA REINE MAB

BALLADE


Chasseur, sur cette plaine
Que vois-je donc venir ?
Dans la nuit incertaine
Qui peut ainsi courir ?
Quelle rumeur profonde
S’élève dans les airs ?
Est-ce du sein de l’onde
Que partent ces concerts ?

Ces vivantes nuées,
Amis, c’est le sabbat ;
Des follets et des fées
C’est l’essaim qui s’ébat.
Ils escortent leur reine,
Mab, aux cheveux dorés.
Dont le pied couche à peine
L’herbe fine des prés.

Vois-tu c’est la plus belle
Parmi les filles de l’air.
Plus d’un barde pour elle
Souffre un tourment amer.