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Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/307

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MARIE MENESSIER-NODIER

Marie-Antoinette-Elisabeth Nodier, née le 16 avril 1811, à Quintigny dans le Jura, où la famille de sa mère possédait des propriétés, était la fille de Charles Nodier.

A la belle époque du romantisme, elle fut la charmante Muse du salon de l’Arsenal où fréquentaient tous les artistes et tous les poètes du temps : Hugo, Lamartine, Dumas, Musset, Vigny, Arvers, Delacroix, Dévéria, etc.

Amaury Duval a dit de ce salon : « C’était un intérieur plein de bonhomie où la mode n’avait aucune prise et où l’on vivait d’une vie tout intellectuelle. »

Mme Ancelot nous a laissé un témoignage analogue : « On s’amusait beaucoup, dit-elle, chez Nodier, car une réunion s’empreint naturellement des dispositions d’esprit de la femme qui la préside, et la toute charmante fille de Nodier remplissait de joie le salon de son père. C’était une existence qui s’épanouissait parée de mille enchantements. Peu de jeunes filles ont eu, autant que Mlle Marie Nodier, cette verve joyeuse qui semble dire : je suis heureuse de vivre ! »

On conçoit aisément que Mlle Nodier ait fait impression sur son entourage de poètes et que les hommages de toutes sortes ne lui aient pas manqué. C’est pour elle que, sans nul doute, fut composé le trop fameux sonnet d’Arvers :

Mon âme a son secret, ma vie a son mystère…

Musset lui-même paraît avoir été vivement frappé par les charmes de la jeune fille et on lira ci-après les jolis et mélancoliques sonnets qu’il lui adresse. Il a chanté, en outre, les joyeuses réunions de l’Arsenal !

Gais comme l’oiseau sur la branche.
Le dimanche.
Nous rendions parfois matinal
L’Arsenal,
La tête coquette et fleurie
De Marie
Brillait comme un bluet mêlé
Dans le blé.
Tachés déjà par l’écritoire,
Sur l’ivoire
Ses doigts légers allaient sautant
Et chantant.
Quelqu’un récitait quelque chose,
Vers ou prose.
Puis nous courions recommencer
A danser.....