Louise-VictoFine Choquet naquit à Paris le 30 novembre 1813. Son père, un voltairien convaincu, l’éleva dans ses principes, la dérobant à toute éducation religieuse. Extrêmement sérieuse et studieuse, elle employa toute sa jeunesse à lire Voltaire, Rousseau, Bufïon, Platon et, plus tard, Shakespeare, Byron, Gœthe et Schiller. Déjà s’effectue en elle ce mélange de poésie et de philosophie qui se traduira un jour par d’admirables poèmes. — Elle n’était encore qu’une fillette, lorsqu’elle composa ses premiers vers ; Victor Hugo auquel on soumit ces essais fut frappé des dons réels de la débutante : il l’encouragea à travailler et lui donna d’utiles conseils. Travailler ! — elle, n’y manqua pas. Mais, des malheurs de famille la forcèrent brusquement à renoncer à la poésie. — C’est alors qu’elle se plongea dans l’étude des langues. Elle apprit le sanscrit, l’hébreu, le grec et le latin, sans parler de l’allemand, de l’anglais et de l’itahen qu’elle savait parfaitement.
En 1838, elle fit un premier séjour en Allemagne, et, quelques années après, son père étant mort, elle alla de nouveau à Berlin où elle rencontra et épousa en 1843 Paul Ackermann, un Français d’origine alsacienne, précepteur des neveux du roi de Prusse. Paul Ackermann avait reçu du gouvernement prussien la tâche de coordonner et de publier les œuvres de Frédéric le Grand. La jeune femme prit une part active au travail de son mari, fouillant les bibliothèques et, souvent aussi, tenant la plume pour eux deux.
La mort vint prématurément rompre cette parfaite harmonie, M. Ackermann fut enlevé i l’aflection de sa collaboratrice dévouée, en 1846. Il avait trente-quatre ans.
Toute chargée de sa douleur, Mme Ackermann se retira auprès de Nice, où habitait une de ses sœurs. Elle vécut là dans le calme et la méditation, ave’c son deuil, ses souvenirs et ses livres. — Elle s’éteignit en 1890, au mois d’août (1).
Rendant compte des progrès de la poésie française, en 1866, Théophile Gautier écrivait, à propos de Mme Ackermann : « Elle ne relève ni de l’école romantique, ni de l’école de Leconte de Lisle ; elle remonte plus haut, et son vers familier, se prêtant avec souplesse à toutes les digressions du récit, a quelque chose de la bonhomie rêveuse de La Fontaine. C’est une note qu’on n’est pas habitué à oiitondro et qui vous cause une sur-
(1) Nous aurions voulu, ainsi que nous avons fait pour les autres poétesses, mettre à la suite de notre notice un ch( » ix de poésies. L’éditeur de.Mme Ackermann s’étant opposé à cette rciiroduction, nous avons dû nous borner à écrire un petit chapitre criti(|U(’. De la sorte, les intérêts commerciaux sont sauvegardés et ceux du poète ne sont pas complètement mécoimus. Car c’eût été, à notre sens, porter un préjudice moral considérable à l’œuvre de.Mme Ackermann, (|iie de ne pas la mentionner dans un ouvrage dont lo but est de grouper les plus beaux talents des poéte3.<<e8 françaises.