Anne-Caroline Ménard naquit à Paris le 21 septembre 1814. Son père^ marchand de toile et rouennerie en gros du quartier Saint-Martin, était picard ; il avait épousé une créole Anne-Bonn Portier. A sept ans, elle faisait déjà des vers. A quinze ans, on la maria à M. Victor Ségalas, avocat distingué à la Cour Eoyale de Paris et frère de Pierre Ségalas, chirurgien réputé. Elle continua à se livrer à son goût pour la poésie et elle se fit une certaine réputation en publiant çà et là des poèmes.
C’est ainsi qu’en 1829 la Psyché, recueil mensuel de poésies, inséra d’elle des vers que la critique remarqua à cause de la grâce et de la fraîcheur de certains passages.
Mme Ségalas publia son premier volume de vers, La Algériennes, en 1831. On y trouve, à chaque page, l’influence des Orientales. Hugo n’avait vu qu’en imagination les palais et les paysages d’Orient, elle fait de même pour l’Algérie, mais n’aboutit pas — est-il besoin de le dire ? — aux mêmes résultats que Victor Hugo. Les Algériennes sont d’un pittoresque assez plat et leur style est sans mouvement.
En 1836, Mme Ségalas pubUa les Oiseaux de passage, puis, son meilleur ouvrage : Enfantines, poésies à ma fille.
< Ce livre, dit E. de Mireconrt, est une véritable source jaillissante de tendresse maternelle et de pensées chrétiennes. Le premier bégayemcnt de sa fille, son premier pas, son premier sourire, tout contribue à dicter i madame Ségalas des pages ravissantes. » C’est là vraiment qu’elle a donné la mesure de son talent facile et gracieux.
Dans ses autres poésies, Mme Anaïs Ségalas n’a pas toujours gardé la petite originalité que nous constatons ici, et il est aisé de ranger ses pièces les plus connues sous riiitluence dos poètes du temps : La paucre femmf, La jeune fille mourante. Qui i<ait le début, sait la /< », sont des élégies drama. tisées à la façon do Miliovoye ; la Petite fille, la Jcunesxe, aux Poètes, le liai, sont selon le modo lamartinien ; lo Brigand espagnol rappelle le Musset des Contes d’Espagne et d’Italie ; onfln c’est Victor Hugo que l’on reconnaît dans Discours d’un sauvage d un Européen ; Paris, lo Marin, A une tète de mort, etc.
L’influenoo de Victor Hugo fut si grande sur i’osi^rit de la • poétesse » certaiiuis de ses i)oésios sont si près do la manière ilu maître, que Paul Meurico s’y laissa tromper. A oo point qu’il a insère dans Dernière Getbe, l’ultime volume qu’il composa avec les papiers du granil poète, A une tête de mort, la jiièco do Aîme Anaïs Ségalas :
Squelette, qu’as-tu fait de l’dnie ?
Foyer, qu’as-tu fait de ta flamme ?
Vage muette, qu’as-tu fait
De ton bel oiseau qui chantait ?
Volcan, qu’as-tu fait de ta lare ?
Qu’as-tu fait de ton maître, esclave ?