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christine de pisan

Consulter.Jean Boivin, Vie de Christine de Pisan (mémoires de l’Académie des inscriptions et Belles-Lettres, 1736). — R. Thomassy, Essai sur les écrits politiques de C. de Pisan, Paris, 1838 in-8. — Gabriel Naude, Lettre à Thomaini, Genève. — P. Pougin, C. de Pisan, dans Positions des thèses de l’école des chartes pour 1856. — Eugène Crépet, Les poètes Français, t. I, Paris, 1861, in-8. — E. M. D. Radideau, C. de Pisan, sa vie, ses œuvres, Saint-Omer, 1882, in-16. — H. Duchemin, Les sources du livre des faits et bonnes mœurs du sage Charles V, dans Pos. des th. de l’École des Ch. pour 1891. — A. Piaget, Chronologie des pitres sur le Roman de la Rose, dans Études romanes, dédiées à G. Paris ; Paris, 1891, in-8. — Petit de Julleville, Histoire de la langue française, Paris. 1896, t. II, in-8.


LES DOUCEURS DU MARIAGE


BALLADE


Douce chose est que mariage ;
Je le puis bien par moi prouver.
Voire à qui mari bon et sage
A, comme Dieu m’a fait trouver.
Loué en soit-il, qui sauver
Le me vueille ![1] car son grand bien,
De fait, je puis bien éprouver ;
Et certes le doux m’aime bien !

La première nuit de ménage,
Très lors poz-je[2] bien éprouver
Son grand bien ; car oncques outrage
Ne me fit, dont me dus grever[3].
Mais quand il fut temps de lever
Cent fois baisa, si comm’je tiens,
Sans villennie autre rouver[4] ;
Et certes le doux m’aime bien !

Et disait par si doux langage :
« Dieux m’a fait à vous arriver,
Douce amie ; et pour votre usage
Je crois qu’il me fit élever. »
Ainsi fina de rêver.
Toute nuit en si fait maintien.
Sans autrement soi dériver[5] :
Et certes le doux m’aime bien !

  1. Qui veut me sauver.
  2. Dès lors je puis.
  3. Grever, blesser.
  4. sans rien demander d’autre
  5. Ainsi chaque nuit sans jamais varier.