A propos de Rêves et Réalités, le premier recueil poétique do Mme Blanchecotte, Sainte-Beuve écrivit :
« Quelques-unes des pièces de ce recueil sont d’un effet poignant. L’auteur, pour peu qu’il s’apaise un jour et qu’il rencontre les conditions d’existence et de développement dont il est digne, me paraît des plus capables de cultiver avec succès la poésie domestique et de peindre avec une douce émotion les scènes de la vie intime : car si Mme Blanchecotte a de la Sapho par quelques-uns de ses cris, elle aurait encore plus volontiers dans sa richesse d’affections quelque chose de mistress Félicia Hemans, et tout annonce chez elle l’abondance des sentiments naturels qui ne demandent qu’à s’épancher avec suite et mélodie ».
Et, dans la préface de son second volume, elle disait elle-même, parlant des encouragements qu’elle avait reçus de Lamartine, de Béranger, de Sainte-Beuve :
« Ces précieux témoignages m’ont soutenue dans les épreuves de ma vie diflacile et trop positive, lutte perpétuelle entre les laborieuses obligations à remplir et le rêve à refouler. Puissiez-vous me tenir compte encore de ces circonstances pénibles, et vous les rappeler en lisant mes vers, auxquels le travail, le loisir et l’étude ont toujours manqué ! »
Augustine-Malvina Souville, dame Blanchecotte, était née à Paris en 1830. D’une humble condition, elle vivait de son aiguille et elle ne sortit de son obscurité qu’à force de volonté et de travail. C’est ainsi qu’elle apprit l’anglais, l’allemand, le latin et consacra à la poésie les heures qu’elle put soustraire à ses travaux de couture.
Béranger l’estimait beaucoup et Lamartine avait en elle une très sincère et affectueuse amie.
Elle mourut à Paris en 1897.
« Elève de Lamartine, — dit Théophile Gautier, — elle a gardé du maître la forme et le mouvement lyrique, mais avec un accent profond et personnel qui fait penser à Mme Valmore. Comme celle-ci, M^ne Blanchecotte a souvent des éclats et des véhémences de passion d’une sincérité poignante. Elle a de vraies larmes dans la voix. Elle peut dire avec vérité : « Ma pauvre lyre, c’est mon âme. »
BIBLIOGRAPHIE : Rêves et Rénlités, Paris, 185.5. — Nouvelles poésies, Paris, 1801, in-18°. — A Victor Hugo, 1870, in-8°, 2 p. — Les Militantes, Paris, 1861, in-18.
CONSULTER : THÉOPHILE Gautier, Rapport sur le progrès de la poésie. Paris, 1866. — S.i>îtk-Beuve, Causeries du Lundi, t. XV.
Si tu l’aimais, pourquoi l’avoir trahie ?
Si tu ne l’aimais pas, pourquoi feindre l’amour ?
Pourquoi prendre cette âme et prendre cette vie,
Pourquoi prendre ce cœur sans le tien en retour ?