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les dames des roches


Ô ma chère compagne, et douceur de ma vie,
Puisque les cieux ont eu sur mon bonheur envie,
Et que tel a été des Parques le décret ;
 
Si après notre mort le vrai amour demeure,
Abaisse un peu les yeux de leur claire demeure.
Pour voir quel est mon pleur, ma crainte et mon regret.

madeleine.


DE CATHERINE DES ROCHES

la puce[1]

Petite puce frétillarde
Qui d’une bouchette mignarde
Suçotez le sang incarnat,
Qui colore un sein délicat,

  1. LA PUCE DES GRANDS JOURS DE POITIERS
    Au lecteur.

    « …M’étant transporté en la ville de Poitiers, pour me trouver aux grands Jours qui se devaient tenir sous la bannière de Monsieur le Président de Harlay, je voulus visiter mes Dames des Roches, mère et fille et après avoir longuement gouverné la fille, l’une des plus belles et sages de notre France j’aperçus une puce qui s’était parquée au beau milieu de son sein ; au moyen de quoi, par forme de risée, je lui dis que vraiment j’estimais cette puce très-prudente et très-ardie, prudente d’avoir su entre toutes les parties de son corps choisir cette belle place pour se rafraîchir ; mais très-ardie de s’être mise en si beau jour, parce que, jaloux de son heur(1) peu s’en fallait que je ne misse la main sur elle en délibération de lui faire un mauvais tour, et bien lui prenait qu’elle était en lieu de franchise. Et étant ce propos rejetté d’une bouche à autre par contention mignarde, finalement, ayant été l’auteur de la noise je lui dis que, puisque cette puce avait reçu tant d’heur de se repaître de son sang, et d’être réciproquement honorée de nos propos, elle méritait encore d’être enchassée dedans nos papiers et que très volontiers je m’y emploierais, si cette dame voulait de sa part faire le semblable. Chose qu’elle m’accorda libéralement… Quelques personnages de marque voulurent être de la partie, et s’employèrent, sur le même sujet, à qui mieux mieux, les uns en latin, les autres en français et quelques-uns en l’une et l’autre langue… »

    E. Pasquier

     

    (1) De son bonheur