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Votre rare beauté, des beautés la première
Tient mon esprit ravi d’un ravissement doux.

De vos cheveux dorés les agréables nœuds
Et de vos yeux divins la rigueur humble-fière,
Serrent tant doucement mon âme prisonnière
Que moi-même je suis de moi-même jaloux.

Mon corps est ennuyeux de l’honneur de mon âme
Qui brûle dedans vous d’une tant sainte flamme
Que d’un homme mortel je deviens un grand dieu.

Oh ! bienheureuse mort, cause de double vie !
Heureux amour qui fait que mon âme ravie,
Heureusement se meurt pour vivre en si beau lieu.

IV

Honneur de mes pensées, honneur de mes propos,
Honneur de mes écrits, Charité, ma chère Âme,
Charité, mon Soleil, ma singulière Dame,
Reine de mon plaisir, douceur de mon repos.

Charité qui tenez mon cœur comme un dépôt,
Mon cœur environné d’une si douce flamme.
Et qu’un amoureux trait si doucement entame.
Que plus il est blessé, plus il me sent dispos.

Charité que je sers, que j’honore et que j’aime.
Charité que je tiens plus chère que moi-même
Hélas je sens pour vous tant de pensers divers

Hélas, j’ai si grand peur, chaste et belle Charité
Que vous me connaissant de trop peu de mérite
Dédaignez mes pensers, mes propos et mes vers.

V

Puisque le ferme nœud d’une amitié tant sainte,
Vous doit unir à moi, faites votre devoir
D’égaler vos vertus à votre grand savoir
Et que ce ne soit pas une apparence feinte.

Si vous êtes méchant, las ! je serai contrainte.
De vous abandonner car je craindrai savoir