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aquilin, l’œil doux et grand, la bouche large, mais fine et souriante. En somme Marguerite ne nous apparaît pas douée de cette beauté merveilleuse dont parlent ses contemporains. Mais le prestige de son esprit devait rendre aisée celle illusion.

BIBLIOGRAPHIE : Principaux ouvrages en vers de Marguerite de Navarre : Le miroir de l’âme pécheresse, Alençon, 1531. — La Fable du Faux Cuyder, Paris, 1546. — Le Débat d’Amour, (composé vers 1532). — Les Marguerites de la Marguerite des princesses. Très-illustre reine de Navarre, Lyon, 1547. — Nous recommandons tout particulièrement la réimpression que la Librairie des Bibliophiles a donnée de cet ouvrage Paris 1873, 4 vol. in-16.

CONSULTER : Bayle : Dictionnaire critique, art. Navarre. — F. Qênin : Notice sur Marguerite d’Angoulême, en tête du t. I, des Lettres de cette princesse, Paris, 1841. — EUG. et Em. Haao : La France protestante t. VII. — E. LiTTRÉ : Revue des Deux mondes, 1er juin 1842. — L. DE LOMÉNIE : R. des Deux mondes, V^ août 1842. — Le Roux de Linoy : Essai sur la vie et les ouvrages de Marguerite d’Angoulême, en tête de l’éd. de L'Heptaméron des Nouvelles de très haute et très illustre princesse Marguerite d’Angoulême, Paris, 1853. — Comte H. DE LA Ferrière-Percy : Marguerite d’Angoulême {sœur de François 1er.) Son livre de dépenses (1540-1549). Étude sur ses dernières années, Paris, 1862. — Victor Durand : Marguerite de Valois et la cour de François 1er', Paris, 1848. — Sainte-Beuve : Causeries du lundi, t. VII. — Saint-Marc GiRARDIN : Cours de littérature dramatique, t. III. — IMBERT DE Saint-Amand : Les Femmes de la cour des derniers Valois, 1871.


LA MORT
ET RÉSURRECTION D’AMOUR


J’ai vu les yeux desquels Amour, cruel tyran,
Avait fait les doux traits, dont il allait tirant.
Au temps que bien dorés d’un regard gracieux,
Doucement les tournant, blessait et terre et cieux.
Or les vois-je transis connue d’émail sans vie.
N’ayant plus de rien voir ni d’être vus envie.
J’ai vu la bouche rouge par laquelle il parlait.
Et parole de feu qui sans cesse brûlait
Jadis voulait jeter, par sa douce ouverture.
Qui montre le trésor du cœur sans couverture :
Or la vois-je fermée, couvrant ses blanches dents.
Qui comme lui mur de pierre cachent tout le dedans.
J’ai vu les blonds cheveux dont il faisait la corde
De l’arc où il n’a pu trouver miséricorde.
Et des plus crêpelets faisait ses rets et forts.
Où chacun il prenait, nonobstant ses efforts :