Jean Dominique n’est, qu’un pseudonyme, un masque derrière lequel se dissimule une jeune femme belge, Mlle Marie Closset, née à Bruxelles, en 1875.
On ne s’étonnera pas, j’imagine, de trouver dans cet ouvrage le nom de Jean Dominique non plus que celui de Mlle Marguerite Coppin : ne sommes-nous point, en effet, habitués à donner place dans les Lettres fran. çaises aux littérateurs belges qui écrivent notre langue. 11 s’agit d’aillcur » beaucoup plus ici, d’un ouvrage consacré aux poétesses d’expression française qu’aux poétesses uniquement nées en France. S’il en était autrement, nous n’aurions pas pu y inscrire les noms de Mmes Hélène Vacaresco. Renée Vivien… et à peine celui de Mme de Xoailles, Française par le mariage seulement.
Les débuts littéraires de Jean Dominique remontent à 1895, époque à laquelle elle collabora à divers périodiques belges. Comme bon nombre de poétesses françaises, Jean Dominique appartient à l’enseignement ; elle est actuellement professeur de littérature du Cours Normal Supérieur des jeunes filles, à Bruxelles.
Un écrivain très distingué, M. Francis de Miomandre, dans une intéressante étude consacrée à Jean Dominique et à son œuvre, a écrit fort justement : « Jean Dominique n’est pas un poète dont on puisse se flatter de donner une idée avec les mots de la critique. Tout au plus est-il possible d’indiquer son œuvre à ceux qui aiment les beaux vers, la musique et la tendresse et qui s’imaginent peut-être que l’Art ne donne plus que des for. mules. Ils chériront cette œuvre mélancolique et harmonieuse, où toute la tristesse et la ferveur de l’Amour se consument, mais en secret, et cachées dans les blancheurs vagues et profondes de l’idéalisme, de la pudeur et du silence. » Il n’est point possible de mieux dire.
Encore que certains chercheront chicane à Jean Dominique à cause de son vers * libéré •>, on ne saurait en vérité, rester insensible à cette poésie un peu complexe — beaucoup même 1 — très subtile et infiniment charmante, en fin de compte. On n’est point sûr toujours de bien comprendre, mais qu’importe, il se dégage de ses vers simples et compliqués à la fois une musique un peu monotone qui berce délicieusement. A la suite de l’auteur, on se trouve transporté dans des pays de rêve et l’on ne s’étonne pas qu’il fleurisse tant de roses et que tant d’anges battent l’atmosphère Idéale de leurs larges ailes. — Mots très doux, pâleurs très pâles, soirs nostalgiques, couleurs délicates infiniment, de la tristesse, une douleur contenue, un cœur tout petit mais débordant de tendresse…, il y a tout cela dans la poésie de Jean Dominique. — Tout cela, je l’ai écrit déjà, ne va pas sans quelque monotonie, tant de douceur tourne un peu à la fadeur : un mot rude, voire même un mot grossier soulagerait de cette grisaille d’expression et de sentiments. Mais, pris à petite dose, goutte à goutte, — si on lit quelques pages, le soir, auprès du feu, dans la chambre bien close, à la lueur tiède de la lampe, — on trouve un délicieux charme à cette poésie tendre et doucement mélancolique.