Aller au contenu

Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/208

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

202 LES MUSES FRANÇAISES

Le monde peut s'éteindre avec la fin du jour, Nous, nous n'avons pas pu cerner notre tendresse. « Ni l'espoir de nos fronts, ni la chair de nos corps, Dans la confusion factice de l'étreintt-. N'ont jamais annulé notre sublime crainte; Pourtant nous avons su les infinis accords, « Mais pouvions-nous songer au baiser inutile Où s'arrête le cœur des amants imparfaits, Tuisque ineiïablement rien ne valait le t-'x De ton regard posé sur ma bouche immobile. « Puisque, sans me parler de ma douce beauté. Subissant un désir qui surpasse l'audace, Pour m' avoir contemplée un mouent face à face. Nul n'aura plus que toi pâli de volupté. « Comme autour de nous deux l'air est divinatoire ! Nous sommes imprégnés d'un secret merveilleux. Nous sommes ceux pour qui nul mal n'est périlleux. Nous vivons une grande et facile victoire. « Nous sommes l'un pour l'autre un héroïque honneur, Eq tous tes mouvements je suis essentielle. Quand je ne te vois pas, ta présence est réelle, Et de nous chaque chose est le plus grand bonheur. « C'est à cause de toi qu'un matin je suis née. Et seul, mon cœur puissant t'a pleinement conçu, Que je t'ai possédé, toi que je n'ai pas eu, mon unique amant, que je me suis donnée ! « De t' avoir rencontré mon destin est sauvé, C'est l'heure de ma vie où je fus la plus belle; J'errais à l'aventure et je fus comme celle, Qui cherchait son salut et soudain l'a trouvé. « A cause de ton choix je suis plus qu'une femme, Je règle comme un dieu ta force et ta douleur, Par toi, je ne puis pas douter de ma valeur Puisque je suis ta chair et que je suis ton âme. « Nous sommes à nous deux toute l'immensité Rien n'est si beau que toi quand je vois que tu m'aimes. Nous sommes un amour au-dessus de nous-mêmes, Indicible, immuable, extrême, innocenté.