Mme la duchesse de Rohan est Parisienne. Son père était le marquis de Verteillée, petit-fils des grands sénéchaux du Périgord et arriéreneveu de Brantôme ; sa mère, la baronne de Senge, était Belge.
Mme la duchesse de Rohan a publié deux recueils de vers : Lande fleurie et les Lucioles. Les vers en sont simples, délicats et élégants.
Mme de Rohan semble apporter une coquetterie à ne traiter que de menues anecdotes, légendes im peu grêles, confidences à mi-voix, madrigaux frêles comme une gerbe de roses fragiles. Et cependant tout l’inspire : beaux paysages alpestres, cortège nuptial, vols de mouettes déferlant en plein azur, visite d’un souverain dans le pompeux décor de Versailles…
Son caprice est inépuisable, imprévu. Son inspiration taquine tous les sujets, butine çà et là, sans méthode, mais non sans grâce. Elle conte, s’amuse, rêve, parant, habillant, enjolivant mille petits riens.
Je ne crois pas que l’on puisse dire que Mme la Duchesse de Rohan est un grand poète. Mais elle le sait, et n’ambitionne pas sans doute cette hautaine et amère royauté du génie. Elle se contente de demeurer, sans aucune vanité littéraire, une grande dame et une femme d’esprit.
« Si la valeur lyrique de ce recueil, écrit M. Pierre Quillart — à propos des Lucioles — n’est pas très considérable, il n’en sera pas moins feuilleté par les historiens à venir de la littérature française ; les dédicaces permettront de reconstituer un petit groupe de personnes bien nées et d’écrivains disparates que connut Mme de Rohan et de se faire une idée des goûts et des modes divers qui furent bien en cours dans les premières années du vingtième siècle, dans les cercles non de précieuses, mais d’amateurs moins lettrés que les précieuses qui s’intéressaient aux belleslettres. >
C’est que le salon littéraire de Mme la duchesse de Rohan tient un des premiers rangs parmi les salons du siècle et que les annalistes futurs auront le devoir strict, en effet, d’en faire mention, conBue d’un centre intellectuel important, dans toute histoire complète des Lettres françaises.
BIBLIOGRAPHIE. — Lande Fleurie, Calmann-Lévy, Paris, 1900, in-18. — Les Lucioles, Calmann-Lévy, Paris 1907, in-18.
Je vis un long mur blanc, puis des grilles ouvertes,
Des tertres et des croix dans un funèbre enclos,
Et des inscriptions, des buis, des touffes vertes,
Des marbres, des cyprès ; j’entendis des sanglots.