Mlle Hélène Vacaresco est née à Bucarest le 3 octobre 1867. Elle appartient à l’une des plus anciennes et illustres familles de Roumanie. Tout enfant, elle vint à Paris, où elle fut présentée à Sully-Prudhomme qui la dirigea vers la poésie, pour laquelle elle avait toujours eu beaucoup de goût. — Le nombre de femmes poètes qui sollicitèrent les conseils et i’appui de Sully-Prudhomme, est véritablement incroyable ! — Mlle Vacaresco connut aussi Leconte de Lisle. Elle était encore toute jeune lorsqu’elle fit paraître son premier volume ; l’Académie française la couronna. Son talent, sa naissance, sa grâce lui valurent d’être distinguée par Elisabeth de Roumanie. Cette reine qui tient certaineuient moins à sa couronne qu’au nom de Carmen Sylva qu’elle s’est créé dans les lettres, s’attacha la jeune fille en qualité de demoiselle d’honneur. Bientôt une véritable et profonde amitié s’établissait entre elles. Et, comme le dit un critique, « tout souriait à Mlle Vacaresco : son talent reconnu, l’amitié d’une reine, la perspective d’une couronne. » La grandeur a ceci de pénible que les secrets, joies et douleurs de la vie, échappent à l’intimité ; un jour, la « raison d’Etat » vint brusquement séparer ce que tout semblait devoir unir... Sa vie était brisée ; trop fière pour se prêter à aucun compromis, elle enterra du même coup ses rêves de gloire et son amour.
« C’est ce pur roman qu’elle nous chante ; à peine ébauché dans les Chants d’Aurore, tristement dénoué dans Ame sereine, s’élevant peu à peu de l’amour humain à l’amour universel dans Lueurs et flammes : trois phases de son histoire, trois tournants de sa vie… » Bien que ce ne soit pas le lieu ici d’entreprendre un rapprochement critique qui pourrait excéder les proportions restreintes d’une notice, il me semble impossible de ne pas signaler, en quelques mots, le lien d’évidente parenté qui unit les talents de Mlle Hélène Vacaresco et de Mme de Noailles. Encore une fois, ce n’est qu’un lien, mais, pour moi, il est des plus apparents. On le suit au milieu des qualités comme au milieu des défaut des deux poétesses. Faut-il en chercher la cause dans leur commune origine ? Peut-être. — On sait, en effet, que Mme de Noailles est Roumaine par son père !…
J’ai dit ailleurs l’harmonie et le charme extraordinaires des poésies de Mme de Noailles, eh bien ! cette harmonie, cette musicalité délicieuse, ce charme infini, nous les trouvons chez Mlle Vacaresco. Nous trouvons aussi cetre facilité surprenante d’évocation, cette surabondance d’images qui nous frappe dans les livres de la comtesse de Noailles. Ici et là, c’est le même délire de sensations, la même sensibilité, la même volupté et