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SAINTE-BEUVE
II

Nous avons vu que le directeur du Journal de Genève avait été assez heureux pour clore à Tamiable le différend qui avait éclaté, à la mort du grand écrivain, entre AI. Jules Troubat et la princesse Mathilde. Dès qu’il apprit que le légataire de Sainte-Beuve, pour faire face aux nécessités de la situation, avait résolu de vendre sa Ijibliothèque, il lui offrit de Tacheter en bloc. Cette proposition ne laissa pas que d’embarrasser M. Jules Troubat, car le général Read, que Sainte-Beuve connaissait et à qui il avait donné Lacaussade comme professeur de français, lui faisait également des offres pour les États-Unis d’Amérique. Certes, il n’eût pas demandé mieux j que de dire à M. Adert : Donnez-moi So.ooo francs et emportez tous les livres de Sainte-Beuve chez vous. I 3o.ooo francs ! c’était justement le prix d’estimation que ; Potîer avait fixé à première vue, M. Jules Troubat était persuadé qu’il en tirerait davantage aux enchères et il n’aurait pas voulu la vendre en bloc à moins de 5o.ooo » francs. « En ne la vendant que 3o.oo francs, écrivait-il | à M. Adert, je serai obligé dem’endetter de lo.ooo francs pour conserver la petite maison où Sainte-Beuve est’ mort et de placer une hypothèque sur elle. Je le ferai s’il ne faut que cela pour la sauver. »

Quand la bibliothèque eut été définitivement inventoriée, M. Troubat engagea le directeur du Journal de Genève à faire le voyage de Paris pour se faire une idée de visu de sa valeur réelle.

« Elle gagne à être connue en détail, lui disait-il, et vous n’en avez rien vu à travers les vitrines. Quand oa