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mesure, au principe de la liberté du commerce par son ordenanza del comercio libre, de 1778, qui supprime le monopole de Cadix, tandis qu’il s’efforce, d’autre part, au moyen de droits prohibitifs, de libérer l’industrie espagnole de la concurrence étrangère[1]. Le moment n’était pas éloigné où les colonies espagnoles de l’Amérique, pour des raisons économiques surtout, allaient réclamer leur indépendance. Voilà où aboutissait le fameux monopole commercial de l’Espagne.

En somme, on l’a déjà vu, ce furent les autres puissances maritimes qui profitèrent surtout du commerce avec l’Amérique espagnole et portugaise : la Hollande, l’Angleterre et, dans une moindre, mais assez forte mesure, la France. Au XVIIIe siècle, l’Angleterre se place au premier plan, car, grâce à sa domination sur le Portugal, grâce au traité de Methuen, de 1703, elle parvint à capter l’or du Brésil, comme le montre

M. van Dillen, sans compter que le développement de ses manufactures lui donne des moyens d’échange supérieurs à ceux des autres nations. Remarquons encore que le grand commerce maritime, particulièrement le trafic légal ou interlope avec l’Amérique, permet aux puissances de l’Atlantique d’accumuler une grande masse de capitaux. Cet afflux d’espèces monnayées et de métaux précieux devient d’autant plus intense dans la seconde moitié du XVIIe siècle et au XVIIIe que le développement des colonies espagnoles accroît le besoin qu’elles ont des produits manufacturés de l’Europe, et qu’en même temps l’industrie fait de grands progrès en Angleterre et, aussi, mais dans une moindre mesure, en France. Il n’est pas inutile non plus de porter notre attention sur les énormes, bénéfices du commerce de contrebande, du commerce

  1. Voy. Albert Girard, Une négociation commerciale entre l’Espagne et la France (Revue historique, 1912, t. CXI, p. 291 et suiv.).