Page:Sée - Les Origines du capitalisme moderne.djvu/152

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Au contraire, dans l’industrie cotonnière, même quand le machinisme y eut triomphé, les sociétés par actions sont rares ; les sociétés en commandite, il est vrai, apparaissent fréquemment, mais « le plus grand nombre des manufactures sont la propriété de simples industriels », qui ont recours aux emprunts, aux bons offices des banquiers, « sans qu’on puisse dire avec exactitude d’où viennent les capitaux »[1].

Dans l’impression de la toile, dès le XVIIIe siècle, les sociétés par actions ou tout au moins les compagnies en commandite apparaissent fort nombreuses[2]. C’est que, dès cette époque, l’intégration se manifeste en cette industrie, dont le caractère capitaliste est si fortement marqué.

M. Ballot nous décrit très nettement cet état de choses :

« Très souvent les fabricants joignent à l’impression le filage et le tissage ; ils le font d’autant plus volontiers que cette extension de leurs opérations n’exige pas un grand accroissement de capital ; ils font faire ce travail dans les campagnes ; patrons d’usines ou peu s’en faut pour l’impression, ils sont marchands-fabricants pour la fabrication des toiles[3]. »

Sous l’Empire, la plupart des grandes filatures de coton appartiennent à de gros industriels, qui font du tissage et même de l’impression[4].

Par contre, le développement industriel, les progrès du machinisme ont parfois pour conséquence la spécialisation ; les diverses opérations de la fabrication donnent naissance à des établissements spéciaux. C’est le cas notamment des filatures : des industriels, comme Boyer-Fonfrède, qui avaient à la fois des tissages et des Matures, se consacrent maintenant exclusivement à

  1. Ch. Ballot, ouv. cité, pp. 133-134.
  2. Ibid., p. 284.
  3. Ibid., p. 282.
  4. Ibid., p. 132.