Page:Sée - Les Origines du capitalisme moderne.djvu/183

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Cet historien observe très finement encore que souvent les entrepreneurs ne se résignaient pas aisément à modifier les habitudes « qu’ils avaient pratiquées de père en fils ». Il note qu’en fait bien des chefs d’industrie viennent des campagnes, sortent, comme les Peel, de la classe moitié agricole, moitié industrielle, qui jouait un rôle si considérable en Angleterre. Toutefois, cela ne paraît pas être le cas des maîtres de forges, qui, le plus souvent, de pères en fils, se spécialisent dans l’industrie métallurgique[1].

En France, comme le montre M. Charles Ballot, bon nombre de patrons industriels sont aussi des hommes nouveaux : tel, Richard-Lenoir, fils d’un fermier ; tel, Oberkampf, fils d’un teinturier. D’autre part, il est vrai, ou peut citer le cas de François Perret, fabricant d’étoffes de soie de Lyon, qui fonde la grande manufacture de coton de Neuville, en 1780.

D’ailleurs, à chaque phase de l’évolution, comme le montre fortement M. Pirenne, dans son admirable mémoire sur les Périodes de l’histoire sociale du capitalisme, les hommes qui font triompher une forme nouvelle de l’organisation économique apparaissent comme des self made men, des parvenus, des « nouveaux riches », tandis que les représentants de la forme plus ancienne quittent le monde des affaires, aspirent au repos, ne cherchent plus qu’à entrer dans les rangs de l’ancienne aristocratie. En Angleterre, leur grande ambition, c’est de faire partie de la gentry et, lorsqu’ils y seront parvenus, ils mépriseront les hommes d’affaires ; en France, ils recherchent les fonctions publiques, les charges qui les anobliront.


4. La question ouvrière. — La classe des artisans, qui, dans l’industrie textile, était tombée en partie sous

  1. Voy. Southcliffe Ahston, Iron and steel in industrial revolution.