Page:Sée - Les Origines du capitalisme moderne.djvu/59

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ment lourds sur les transactions commerciales dans les Indes et sur les retours de l’Amérique ; mais, en réalité, il n’en percevait qu’une faible part, car ici encore la fraude et la corruption jouaient leur rôle.

En principe aussi, seuls les Espagnols avaient le droit de s’établir en Amérique. Mais, à cet égard, beaucoup de fraudes étaient commises ; et, d’ailleurs, le nombre des Espagnols qui s’établit aux Indes resta relativement faible, étant données les dimensions des régions sur lesquelles l’Espagne imposa sa domination[1].

Parmi les puissances maritimes, l’Espagne occupait une situation particulière : depuis le XVIe siècle, elle était seule, avec le Portugal, à détenir de vastes possessions coloniales ; elle avait pris possession de tout un vaste continent. Aussi ne put-elle appliquer d’une façon stricte ce que l’on a appelé le pacte colonial ; on ne proscrivit pas, d’une façon absolue, l’industrie coloniale ; on encouragea même les fabrications textiles. Le commerce intercolonial était bien interdit en principe, mais, en réalité, il se faisait, sans qu’on parvînt à l’empêcher.

Seulement, l’Espagne s’efforça de se réserver le monopole du commerce avec ses colonies, comme le faisaient toutes les autres puissances. Mais on ne peut imaginer de pratiques commerciales plus absurdes. Un seul port, en Espagne, Cadix, avait le monopole de ce commerce ; et, en Amérique, tout devait aboutir à la Vera Cruz, pour le Mexique, à Carthagène et à Porto Bello, pour une bonne, partie de l’Amérique du Sud. Un mémoire sur le commerce de Cadix, de 1691, décrit nettement le caractère de ce trafic :

« Les galions vont, en premier lieu, aborder à Carthagène, Dès qu’ils sont arrivés, le général des galions en envoie donner

  1. Haring, ouv. cité, chap. IV, p. 59 et suiv.